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GOOD CANARY

Une pièce de Zach HELM
Adaptation de Lulu et Michael SADLER
Mise en scène : John MALKOVICH
assisté de : Fanette BARRAYA

avec :
Cristiana REALI
Vincent ELBAZ
José PAUL
Ariel WIZMAN
Jean-Paul MUEL
Stéphane BOUCHER
Bénédicte DESSOMBZ

Annie ne peut supporter le regard des autres. Pourquoi Jacques, son compagnon, fou d’amour pour elle, vit-il si mal le succès du nouveau roman qu’il vient d’écrire et dont l’histoire sulfureuse et provocatrice semble inspirée d’un vécu douloureux ? Lorsque la vérité éclatera aux yeux des autres, la violence se déchaînera.

Il y a trente ans j’ai mis en scène une pièce de théâtre écrite par un jeune auteur américain. A l’époque il travaillait comme plongeur dans la ville de Fort Collins dans le Colorado. Il avait été diagnostiqué schizophrène et prenait un traitement probablement trop faible. Il voyagea plusieurs centaines de kilomètres, en changeant plusieurs fois de bus, pour voir une représentation de sa pièce. Quelques instants après le début du prologue de la pièce, il commença à s’agiter nerveusement et à gémir, émettant des sons, dont un s’approchant le plus d’un rire hystérique involontaire et trop longtemps réprimé. Un autre son, lugubre, à mi-chemin entre un vagissement et une mélopée funeste. Après environ une minute de plaintes sonores, il finit par dire tout haut dans notre petit théâtre où se trouvaient une dizaine de personnes : « Ce n’est pas ce que je voulais dire ! » J’étais assis à côté de lui et je lui ai murmuré : «Oh, tais-toi, bien sûr que c’est ce que tu voulais dire. » Cela a semblé le calmer, et la soirée c’est poursuivie sans nouveaux incidents. Je pense souvent à cette soirée lorsque je suis assis dans l’obscurité d’un théâtre, bien que je n’aie plus été face à ce genre de confiance ou de jeune arrogance depuis bien longtemps.

Maintenant je ne peux qu’attendre ces moments, éphémères, au destin funeste, ces moments comiques ou angoissants, comme j’attends l’apparition d’un oiseau rare ou d’un papillon de nuit unique.
J’espère que nous aurons de telles apparitions et j’espère que Zach Helm ne sera pas trop tenté de crier : «Ce n’est pas ce que je voulais dire.»
John MALKOVICH